✱︎ Nous avons tous deux vies

Et il faudra lire les mots de Pessoa pour savoir lesquelles 😏. En attendant, c'est une période sympa pour ouvrir grand les yeux et regarder vers le ciel : bonnes vacances à ceux qui sont dans les startings-blocks et bon courage à ceux qui se préparent à défiler au 14 juillet !

Une brève histoire de temps
5 min ⋅ 27/06/2025

_ Edito.

Nous sommes au lendemain du salon du Bourget et mon interlocuteur du jour, totalement désabusé, m'annonce de façon plutôt désagréable que les entreprises de l'aéro -pour lesquelles il travaille- n'ont qu'une seule raison d'être : s'enrichir.
Quelle révélation ! Vu depuis ma fenêtre, il ne s'agit jamais que du dénominateur commun à toute entreprise commerciale. Ça n'est pas faute d'essayer : je peine à saisir la portée de cette déclaration pour celui qui l'énonce. Comme s'il reprochait à l'aéronautique le potentiel de rêve que ce milieu offrait, notamment à ceux qui n'y évoluent pas habituellement.

Alors, puisque celui-ci m'a imposé sa position de façon dogmatique : je lui impose la mienne en retour. Et je campe fièrement* cette posture d'idéaliste écervelée farouchement attachée aux étoiles qu'elle a dans les yeux... et encore plus à celles qu'elle aime voir et photographier dans le regard des autres, qu'ils pilotent, prennent soin des aéronefs… ou qu’ils les regardent !  #HatersGonnaHate & #LoversGonnaLove #DealWithIt

Alors je partage avec vous une vision du 14 juillet qui fait rêver et les dessous de cette photographie... un peu moins rêveurs, mais c'est ça la vraie vie, aussi. Ainsi qu'un aperçu d'un reportage en immersion sur fond de vieux films de mer et de marins !

*je suis photographe, la fierté ça me connaît !

_ Le cadeau

Tigrou l’avait promis : il a donc réalisé un tirage au sort à sa façon (comprendre : il a chargé Ambre de faire son boulot #LesAssistantesDeTigrou) parmi la liste des abonnés à la newsletter qui avaient commandé un jeu de 7 cartes photo aéro pour célébrer avec moi le prix Balsan de l’Aéroclub de France… Et un tirage signé sur papier baryté de ma photo primée ira donc rejoindre Jean-Claude à Fribourg en Suisse (avec son pack de cartes !). Félicitations à lui, et un grand merci à celles et ceux qui me soutiennent lors de ces éditions limitées !

PS: A priori, ça ne sera pas Tigrou qui ira les poster #NonPlus  

_ Une photo.

Défilé aérien des hélicoptères des Forces Aériennes de la Gendarmerie Nationale au dessus des Champs-Élysées pour les célébrations du 14 juillet 2022
Juillet 2022 / Paris (75) / FRANCE / ref:3222-21-0768

Nous sommes en 2022, les FAGN (les hélicos bleus du ministère de l’Intérieur) m’invitent à suivre et vivre le défilé du 14 juillet à leur coté : dans l’hélico-leader des gendarmes. Une façon pour eux de me signifier leur confiance en ce que je suis, et dans le travail photo que je fais. Je suis très honorée de cette invitation, mais d’un autre coté, je sais que si je suis dans une machine: je ne serai pas sur les champs pour photographier tous ces petits moments de vie et de complicité avant le défilé et son stress dont j’adore être témoin. L’offcom me rassure : des moments de vie et de complicité avant le stress du défilé, je les retrouverai tout pareil dans les hangars, sur le tarmac et dans les machines. Elle avait raison. 😍
Avant de faire “la” descente, celle qui compte, pour laquelle la latitude de timing acceptée est… zéro seconde; les machines, qui sont toutes en l’air loooongtemps en avance (pour gérer d’éventuels incidents/temporisations au décollage), font des ronds dans le ciel. Elles sont réparties par groupe en fonction de leur vitesse de croisière, et les aéronefs ont déjà leur position relative les uns par rapport aux autres. Comme il s’agit d’une opération sérieuse, les ronds dans le ciel ont un nom sérieux : le hold (et ils ne se font pas n’importe comment ni n’importe où…)
Les hélicos de la gendarmerie sont derrière ceux de la Marine pour respecter l’ordre de préséance du moment, et on ne va pas se mentir: l’EC135 dans lequel je me trouve a un peu moins de patate que les “gros” de devant, qui vont plus vite et c’est comme à l’école, ils oublient parfois que tout le monde n’a pas leur vélocité et leur aisance dans la file. Dans le 135, il fait une chaleur abominable, pas de clim -cette question !-, et on vole trop vite pour pouvoir ouvrir la porte, alors les pilotes ont leur micro-entrées d’air mais nous avec le mecbo derrière, on est au sauna. Les tours se suivent et se ressemblent… dans l’attente que le président de la République s’installe à son siège : le top départ, c’est ça !

Enfin, à la radio, le message tombe : “à tous ici Étoile”
On y est ! Le commandant de bord recalcule les timing précis à chacun des points de passage, les donne au pilote et c’est parti. Accroupie derrière dans l’espace exigu, je sais que c’est le moment, la photo à ne pas rater. Comme je les ai emmerdés bien avant à leur poser plein de questions pour tout savoir de leurs délais : je sais que j’ai 45 secondes pour faire des photos de la descente des Champs, et peut-être 5 avec exactement le cadre que je recherche.
Sauf que voila, en me redressant entre les fauteuils juste avant l’arrivée sur la Défense pour prendre ma position, je cliche une photo “au pif” pour contrôler mes réglages sur l’écran arrière de mon boîtier. Et la photo que j’obtiens a des couleurs absolument surréalistes (turquoise et vert fluo 😱). C’est peut-être seulement la balance des blancs qui a glissé et je shoot en RAW, donc “en théorie” ça n’est pas grave. Mais j’ai dans les mains un boîtier R5 que je ne pratique alors que depuis quelques mois. Je ne le maîtrise pas encore les yeux fermés tels que mes 5D. Le doute qui subsiste, bien qu’infime, est un risque. Le temps file. Tant pis pour la tartine de mégapixels que m’aurait offert mon nouveau boîtier: je bascule sur mon fidèle 5D. Le temps d’interchanger les objectifs, nous arrivons sur l’arc de triomphe… et je déclenche sans réfléchir : ma fenêtre de quelques secondes, elle est là, j’ai l’arc, la tour Eiffel, les troupes à pied en ordre de marche et mon binôme de gendarmes pilotes pour fermer mon cadre !

_ Quelques mots.

Incorrigible rêveuse depuis l’adolescence, j’ai évidemment collectionné plein de citations sur le sujet, depuis les célèbres mots d’Edgar Allan Poe dans Eléonora <3 (que j’ai sortis insolemment à chacun de ceux qui m’ont reproché d’être une ado dans les nuages durant cette délicieuse époque) en passant par ces lignes de Pessoa !

Nous avons tous deux vies :
la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ; la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres.
- Fernando Pessoa

Il faut dire que mon tristoune interlocuteur n’avait pas très bien choisi sa journée puisque le matin même j’avais retrouvé une très vieille photo de Tigrou et écrit à son propos sur LinkedIn #HasardDeTiming

Et comme des absents -qui ont toujours tort, faut-il le rappeler 😈- m’ont demandé à récupérer mon discours pour le prix Balsan je l’ai repris (en résumé: c’était une impro totale !)

_ Un reportage.

FLF La Fayette lors de l'exercice Exocet
Octobre 2023 / Méditerranée / FRANCE

Je suis à bord de la FLF La Fayette (Frégate Légère Furtive) dans le cadre de l'exercice Exocet 2023. Au départ de Toulon et durant 1 semaine, 2 forces équivalentes, "ROUGE" et "BLEU", comprenant chacune plusieurs bâtiments, s'opposent dans le cadre d'un exercice en mer en conditions réelles. 

A bord du Lafayette, plus petit navire de sa flotte, à l'armement modeste, et conformément à la stratégie globale développée par le commandant de la flotte, l'objectif est simple : se cacher pour survivre. Pour les marins à bord, privés de téléphone pour ne pas risquer de dévoiler notre position, en passerelle comme dans les coursives ou en salle des machines, les quarts se succèdent jusqu'à ce qu'on annonce le passage en postes de combat. 

L'équipage revêt ses équipements de protection et chacun se rend à son poste, l'activité à bord continue. Puisqu'il a embarqué un hélicoptère panther de la flottille 36F, le commandant l'utilise pour reconnaître d'éventuels navires de la force adverse qui -comme nous- pourraient être tentés de se dissimuler dans le flux soutenu de navigation commerciale sur la zone.
A l'heure de la fin de partie : malgré quelques alertes sérieuses, la frégate n'a pas été coulée et nous rentrons au port.
 

_ Un aperçu.

Derrière les images ces derniers temps, il y avait : une pile de classeurs photo et un enfant soldat qui tend une grenouille à Marie-Laure de Decker (c’est à la MEP jusqu’au 28/09 et <3), un selfie au Bourget, mais il manquait les bottes, alors j’ai du revenir avec, un Tigrou-commandant de bord qui fait son malin grâce à Thalès 😏, un fantôme mignon, et un mensonge Adobe #PlusCestGrosPlusCaPasse !

✱ That’s all Folks !

J’espère que cette lettre vous aura plu / détendu / intéressé et peut-être même fait découvrir des trucs ! Si vous avez un avis sur son contenu, vous pouvez me faire part de vos critiques, remarques et autres conseils d'amélioration à cette adresse : sandra.chenugodefroy@gmail.com

D’ici sa prochaine édition, vous pouvez me suivre sur LinkedIn ou sur Instagram

Une brève histoire de temps

Une brève histoire de temps

Par Sandra Chenu Godefroy

_ Sandra Chenu Godefroy

Je suis photographe, passionnée, aventurière. 
Je suis spécialisée dans les domaines de la sécurité, l'armée, les secours, l'aéronautique; et je vous invite à me suivre au cœur de l’action, en immersion dans le sillage d'hommes et femmes engagés !

Mon métier de photographe est plutôt simple à définir : je raconte par l'image. Je consacre ma créativité, mon savoir-faire et mon expérience à (re)mettre l'humain au cœur du visuel et à l'immortaliser dans des photos qui font du sens, parfois dans des conditions extrêmes.

J’aime transmettre ces narrations au public, et c’est la raison pour laquelle je me risque à cette aventure de l’écriture et la tenue d’une newsletter ici. J’emploie évidemment aussi les autres canaux plus classiques que sont l’édition de beaux livres et les expositions photo (et, j’essaierai de vous en tenir informés dans cette lettre : se rencontrer en vrai et en 1.0 a du bon à l’heure du tout virtuel !)

Tout photographe qui essaye de représenter des êtres humains d’une manière authentique doit consacrer bien plus de cœur et d’âme dans sa préparation, qu’aucune photographie ne le laissera jamais transparaître.
– Margaret Bourke White

_ Solitaire mais pas isolée, je travaille toujours accompagnée de mon plus fidèle assistant : Tigrou

Lui même choisit assez souvent de faire appel à des assistantes, pour lui éviter des efforts trop intenses et lui permettre de se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : des selfies et des petites remarques amusantes ou amusées sur son univers de travail !

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