✱︎ Si vis pacem.

Je suis passée au Forum Innovation Défense avant-hier... où j'ai adoré le stand du projet "RADAR" de la DGA -qui a pris la suite de la RedTeam, que j'aimais déjà beaucoup-. Au dos d'une de leurs flammes, il est inscrit "qui veut la paix prépare le futur" #EnLatinDansLeTexte.

Une brève histoire de temps
5 min ⋅ 28/11/2025

_ Edito.

En tant que fille qui a passé beaucoup, beaucoup de temps sur feu le réseau Twitter, j'ai appris quelques trucs de cette période : le célèbre "à chaque nouvelle journée, une nouvelle indignation" et le douloureux "en réalité ce qui convulsionne passionnément le réseau social et 99% de ses échanges aujourd'hui... dans le vrai monde 1.0 non-connecté, 99% des humains que je croise n'en ont pas connaissance et n'ont pas l'air de s'en porter plus mal". Depuis, je me tiens soigneusement éloignée des déclarations indignées et des cris d'orfraie, surtout quand elles émanent de politiques, d'influenceurs et d'autres quidams qui n'aiment rien tant que se sentir importants.

Dans ce contexte, j'ai d'abord pensé réussir à me tenir à l'écart de la polémique "perdre nos enfants". Las, une coalition multi-plateforme et multi-canaux rondement menée par des algorithmes d'une part et des émotions profondément humaines de l’autre m'a ramené dedans. Ce sujet a tellement fait parler que je n'ai rien a dire "au fond". Certains ont choisi de convoquer des narratifs très émotionnels, et puisque la formule "c'est maladroit" tient le haut du pavé, je me permettrai de partager mon ressenti. Oui, j'ai trouvé les mots très maladroits.

Déclarer sur tous les tons comme je l'ai beaucoup -trop- lu "hors de question que mes enfants se fassent tuer" c'est quand même cracher à la gueule des 200 000 militaires qui servent la France aujourd'hui, et qui -à ma connaissance- sont tous à priori les enfants de quelqu'un. On pourra ajouter à la liste les 250K de policiers et gendarmes, encore 250K de pompiers...

Femmes et hommes qui ont tous choisi de s'engager pour la France et dont les actualités nous informent hélas régulièrement qu'ils prennent le risque d'y laisser leur peau. Du coup, on parle juste d'une offense à 1,4 millions de parents bien réels qui vivent quotidiennement avec l'idée que leur enfant a choisi de s'engager et accepté ce risque de pouvoir en mourir. Dans notre société magnifique et tellement inclusive où-tout-le-monde-est-gentil, pacifique, respectueux et cruelty-free, il me semble qu’on a connu plus bienveillant, mais en effet: tant que ce sont les enfants des autres.

Et ça me donne encore plus envie de photographier et de partager les visages et les vies de "ceux qui servent" #MonCotéFillePénible #PunkIsNotDead.
Ça tombe pas mal, à priori si vous lisez ceci, c’est que ce programme vous va.


_ Une photo.

Hélicoptère des FAGN survolant le cimetière américain de Colleville la veille des commémorations du D-Day.
Ref:3024-12-0516 | juin 2024, Normandie.

C'était un mardi aussi. Le 6 juin 1944. 29 750 jours avant le 18 novembre 2025.
Et 860 jours après ce fameux éditorial de Marcel Déat le 4 mai 1939 "Faut-il mourir pour Dantzig ?". Il semblerait qu'à l'aune de l'histoire, et comme ce monsieur l'appelait de ses vœux, nul français ne soit certes mort pour Dantzig mais que ça n'a pas empêché bien des morts ensuite. (fin de parenthèse, mais quand même)

Je réalise cette photo d’un EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie Nationale à l'occasion des préparatifs des commémorations des 80 ans du D-Day le 5 juin 2024, ce qui explique les allées de sièges vides. Il y a quelques chose de vraiment très graphique dans la scène : la météo est radieuse, le vert des pelouses et des arbres contraste vivement avec le tapis rouge des allées, la livrée bleue de l’hélicoptère avec qui nous convoyons… et puis il y a toutes ces croix !

Au début de ce survol, j’étais à fond de téléobjectif pour cadrer “en grand” l’EC135, jusqu’à ce que la régularité de ce motif de croix qui défilent à l’identique à l’arrière plan de l’aéronef ne finisse par me donner le mal de mer. Tout va très vite quand je photographie, je ne réfléchis pour ainsi dire pas, je ne fais “que” ressentir (et calculer). C’est d’autant plus vrai quand je suis dans un hélico qui n’est pas là pour faire du tourisme. Alors quand le trouble me saisit, il me faut regarder hors de mon œilleton pour comprendre que dans ce paysage lumineux et chromatiquement parfait c’est le nombre de ces croix, leur régularité et leur géométrie qui m’ont touchée et sont le vrai impact visuel de la scène. Je dézoome au max et j’attends que viennent s’assembler chacun des éléments de ma composition… et vous avez la photo

_ Quelques mots.

A propos de cette histoire qui ne se raconte jamais qu'au passé, à quelques jours du 11 novembre, et du 13 novembre aussi, je choisis de vous partager ces mots :

Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter.
-  George Santayana, Reason in Common Sense (1905)

Je n’ai pas trop eu le temps d’écrire ce mois-ci, parce que j’avais beaucoup à lire, déjà. Et parce que j’ai eu quelques discussions assez costaud à mener, donc à préparer, notamment avec la formidable Stéphanie de Roquefeuil sur un thème IA/droit d’auteur/désinformation qui me tient “un peu” à cœur. Mais j’ai quand même eu l’occasion de voir remonter à la surface un très vieux souvenir de bébé-photog’ accueillie par des sous-offs à l’occasion d’une remise de décoration : alors j’ai écrit quelques mots sur LinkedIn.

_ Un reportage.

L’exercice Creuset de Fer du GBGM au camp de Fontevraud
Ref:1425-11 | novembre 2025, Fontevraud

Il y a quelques mois déjà, je découvrais au détour d'un couloir de la caserne du GBGM à Satory, un poster fait d'images familières. Une réalisation de Bruno C. pour le Labo Photo de la Gendarmerie il y a... 17 ans. Des visuels familiers puisque j’en suis l’auteur et qu’il s'agissait d'un des tout premiers reportages photo de ma carrière de photographe. Un reportage qui racontait l'exercice d'ampleur du GBGM à l'époque : Satorex !

Le rythme d'emploi des forces de gendarmerie mobile n'ayant cessé de s'intensifier depuis, ces manœuvres annuelles ont été abandonnées. Mais le "Groupement de Fer" a changé de patron dernièrement, et le Général Lebas s'est vu confier par son autorité de tutelle le mandat de renouer avec cette pratique régulière des exercices majeurs.

Et si vous me lisez, vous connaissez déjà la suite: à partir du moment où j'ai appris la perspective de ce renouveau, j'ai bassiné chacun de mes interlocuteurs du GB en leur disant que je voulais en être !
Puisque Tigrou a la chance de compter là-bas quelques âmes bien disposées à son égard, je rejoindrai avec le C3 du GBGM le 12/1 au camp militaire de Fontevraud.

Durant quelques jours je suivrai le rythme de l'escadron au gré des diverses activités d'éveil corporel et ludiques prévues par la cellule instruction. Des parcours collectifs, des marches de nuit, du tir Centaure en mouvement, quelques scénarios directement inspirés d'expériences de la GM ici ou là, de la lacrymo pour ne pas oublier le goût... et bien sûr: des nuits en ferme non chauffée. #VousAvezDitMilitarité ?

PS: Et j'allais oublier, le GBGM a rebaptisé sa manœuvre, Satorex n'est plus, place au "Creuset de Fer" #ToutChangeRienNeChange

 

_ Un aperçu.

Derrière les images ces derniers temps, il y avait : Tigrou à la recherche d’une faute d’orthographe, le même Tigrou à l’abri d’un Centaure -il a pas trop porté chance à son équipage, et je m’en excuse-, une agathe qui se prend pour une estampe, le retour du calendrier SAPL à Milipol 2025, une occasion de faire des longues phrases et d’utiliser des mots compliqués, et du street-art à la poste du Louvre !

PS: 22h c’est la faute à Thomas (enfin pas que, mais voilà qui est écrit !)

✱ That’s all Folks !

J’espère que cette lettre vous aura plu / détendu / intéressé et peut-être même fait découvrir des trucs ! Si vous avez un avis sur son contenu, vous pouvez me faire part de vos critiques, remarques et autres conseils d'amélioration à cette adresse : sandra.chenugodefroy@gmail.com

D’ici sa prochaine édition, vous pouvez me suivre sur LinkedIn ou sur Instagram

Une brève histoire de temps

Une brève histoire de temps

Par Sandra Chenu Godefroy

_ Sandra Chenu Godefroy

Je suis photographe, passionnée, aventurière. 
Je suis spécialisée dans les domaines de la sécurité, l'armée, les secours, l'aéronautique; et je vous invite à me suivre au cœur de l’action, en immersion dans le sillage d'hommes et femmes engagés !

Mon métier de photographe est plutôt simple à définir : je raconte par l'image. Je consacre ma créativité, mon savoir-faire et mon expérience à (re)mettre l'humain au cœur du visuel et à l'immortaliser dans des photos qui font du sens, parfois dans des conditions extrêmes.

J’aime transmettre ces narrations au public, et c’est la raison pour laquelle je me risque à cette aventure de l’écriture et la tenue d’une newsletter ici. J’emploie évidemment aussi les autres canaux plus classiques que sont l’édition de beaux livres et les expositions photo (et, j’essaierai de vous en tenir informés dans cette lettre : se rencontrer en vrai et en 1.0 a du bon à l’heure du tout virtuel !)

Tout photographe qui essaye de représenter des êtres humains d’une manière authentique doit consacrer bien plus de cœur et d’âme dans sa préparation, qu’aucune photographie ne le laissera jamais transparaître.
– Margaret Bourke White

_ Solitaire mais pas isolée, je travaille toujours accompagnée de mon plus fidèle assistant : Tigrou

Lui même choisit assez souvent de faire appel à des assistantes, pour lui éviter des efforts trop intenses et lui permettre de se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : des selfies et des petites remarques amusantes ou amusées sur son univers de travail !

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