✱︎ Legio Patria Nostra

Voilà, j'ai un matricule. Ce sera le 221 646 (bis). Au verso du joli cadre qu'on m'a remis très officiellement ce 13 juillet, il y a un ordre de mutation signé. WTF?

Une brève histoire de temps
4 min ⋅ 05/08/2025

_ Edito.

Me voici 1ère classe d'honneur de la Légion Étrangère.
Le 13 juillet 2025, le général Cyrille Youchtchenko, commandant la Légion étrangère, m'a remis dans les jardins du Sénat un galon de première classe d'honneur.

Et je n'ai pas encore bien compris pourquoi.
Le 30 avril 1954, la Légion a distingué de ce même honneur Geneviève de Galard, "L’ange de Dien Bien Phu". Autant vous dire qu'en matière de référence, de mérite, de respect, ça se pose là : je ne serai jamais, et ne pourrai jamais être, ni pour la Légion, ni pour les légionnaires, ce que cette héroïque infirmière a été.

Ça ne m'a pas empêchée d'être particulièrement touchée par cette distinction. Et émue. Il y a une raison à cela.
Cela fait un peu plus de 17 ans qu'en choisissant ce métier de photographe, j'ai accepté de faire mien ce propos de l'historien Paul Veynes "L'histoire ne se constitue que si on la regarde, et pour la regarder, il faut en être exclu".

Mon rôle est de raconter, de braquer la lumière sur les autres et de conserver une forme d'épure de leur histoire, de leur engagement. Je n'appartiens pas. Ni à la Légion, ni même à l'armée. Je raconte. J'ai choisi ce positionnement unique du narrateur, en marge. Et je l’assume. Je n'ai aucune raison de passer, moi, dans la lumière : ceux qui "font", ceux qui s'engagent, ceux qui inspirent... sont figurés sur mes photos.

Alors merci aux légionnaires, caporaux et caporaux-chefs, sous-officiers, officiers et à vous, mon Général pour cette marque de respect de ma position bien particulière : pour être honoraire, il ne faut pas appartenir et pour être honoraire, il faut avoir été jugé digne d'amitié.

#LegioPatriaNostra  

_ Une photo.

Musique de la Légion Étrangère place de la Concorde lors des répétitions matinales du défilé du 14 juillet
Juillet 2012 / Paris (75) / FRANCE / Ref:4512-10-0170

Il y a quelque chose dans le sourire simple et généreux de ce musicien qui a attiré mon regard de photographe “pas du matin”. Nous sommes à quelques jours du 14 juillet 2012, il n’est pas encore 6 heures du matin, et les Champs-Élysées sont fermés à la circulation pour permettre aux troupes qui vont défiler lors de la fête nationale de prendre leurs marques face à cette tribune présidentielle place de la Concorde.

Si les réveils sont difficiles, il y a quelque bon coté à ce rendez-vous au point du jour. Tandis que le soleil d’été impose une lumière verticale, vive et assez disgracieuse sur ces même défilants quand ils répètent la journée sur le plateau de Satory, les 90 minutes qui suivent l’aurore ont une lumière douce et enveloppante (nota, l’astuce est connue des meilleurs off’com: le seul argument pour me faire lever à des heures diligentes est la qualité de la lumière ou l’opportunité de photos exceptionnelles, si c’est beau, je me lève -et j’emmerde tout le monde pour faire mes photos là, maintenant, dans cette lumière-, sinon, je retourne me coucher 😏)

L’autre bon coté tient aux défilants eux-mêmes. On ne va pas se mentir: ils ramassent pour ce défilé, pour que tout soit nickel, qu’ils soient les plus beaux, les mieux alignés. De longues journées exceptionnellement intenses pour avoir l’honneur de défiler devant la Nation sur la plus belle avenue. Et malgré cela, ou peut-être précisément à cause de cela, il y a un truc qui flotte dans l’air, un mélange de fierté d’être là et de simplicité, d’humilité. Tout un panel de sentiments humains plutôt chouettes, des expressions d’amitié, de bonheur, de complicité aussi, parfois. Et aujourd’hui, aussi bien que lors de “mon premier” défilé en 2008 : j’adore être le témoin de cela.

_ Quelques mots.

C’est l’été, nous sommes sortis de notre quotidien habituel, et l’évidence voudrait qu’à cette période je m’arrête à des mots simples qui invitent à la détente, à ne pas se prendre la tête (à tout hasard #CaVaBienSePasser). Mais je n’aime pas les évidences, alors je vous propose cette phrase d’Emerson

Rire souvent et beaucoup ;
gagner le respect des gens intelligents et l'affection des enfants ;
savoir qu'un être a respiré plus aisément parce que vous avez vécu.
C'est cela réussir sa vie.
- Ralph Waldo Emerson

Puisque j’ai été témoin de quelques trucs qui ont retenu mon attention, j’ai noirci des feuilles. Dans ce qui est consultable ici et maintenant, il y a sur LinkedIn : une réflexion sur la notion de transmission vue coté “artiste” née de discussions passionnantes avec deux de mes collectionneurs; un discours plein de motivex (..c’est pas le mien) qui, quand j’y repense, est aussi une forme de transmission et enfin; ce qu’il faut d’émotion et d’enseignements sur “ce qui fait le vrai chef”

_ Un reportage.

12 ans, 12 gueules de Légionnaires
Quelques portraits réalisés entre juillet 2012 et septembre 2024, à l’ombre du fanion vert et rouge

Pour cette édition un peu spéciale, il ne s’agit pas vraiment d’un reportage, mais de portraits glanés au fil du temps: mes sujets ont vieilli, et moi aussi ! Mais sur ces images, le temps est suspendu.

Beaucoup se posent la question quand ils apprennent ma distinction "qu'est ce que ça change pour (m)oi ?" et je peux leur répondre : RIEN.
Et tout à la fois.

J'ai la chance de photographier la Légion Étrangère depuis le 14 juillet... 2008 ! Par la suite, j'y ai toujours été très bien accueillie en reportage. C'est une arme qui fait confiance "sur pièces", ce qui me va bien : j'annonce ce que je veux faire, si c'est oui c'est vraiment oui et pas "oui mais". Alors j'évite de faire des "bananes" #ArgotLégion et ça se passe bien !
Rien ne change, donc.

Et tout à la fois. Tout reste à écrire : j'ai d'ores et déjà dans mes dossiers d'archives quelques beaux portraits de légionnaires, réalisés à l'occasion de reportages intenses, engagés, hautement symboliques...
Je découvre, parfois des années plus tard, que mon objectif a déjà immortalisé plusieurs fois celui-ci ou celui-là, avant de réellement avoir l'occasion d'aller à leur rencontre et de découvrir, sinon leurs noms, au moins un morceau de leur histoire, de “qui ils sont”.

Et je ne compte pas m'arrêter là. Ce sont les mots de Camille Laurens qui expriment le mieux mon ressenti à ce sujet "Non, qu'on se le dise, et malgré les apparences, rien n'est écrit, tout reste à écrire." (𝐿𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑖𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑡𝑠, 2003).
 

_ Un aperçu.

Derrière les images ces derniers temps, il y avait beaucoup Tigrou et pas mal de selfies, 14 juillet oblige : le revival d’une blague réalisée en repas-forêt par un instructeur du CEFE, la -vraie- remise de galons à Tigrou au Sénat 😏, des selfies en excellente compagnie pour célébrer ça, une chouette assistante à son dernier jour (merci Ambre 🙏), une photographe à genoux, un tirage d’art et son histoire en partance pour d’autres murs, et encore une photographe à genoux (décidément!)

✱ That’s all Folks !

J’espère que cette lettre vous aura plu / détendu / intéressé et peut-être même fait découvrir des trucs ! Si vous avez un avis sur son contenu, vous pouvez me faire part de vos critiques, remarques et autres conseils d'amélioration à cette adresse : sandra.chenugodefroy@gmail.com

D’ici sa prochaine édition, vous pouvez me suivre sur LinkedIn ou sur Instagram

Une brève histoire de temps

Une brève histoire de temps

Par Sandra Chenu Godefroy

_ Sandra Chenu Godefroy

Je suis photographe, passionnée, aventurière. 
Je suis spécialisée dans les domaines de la sécurité, l'armée, les secours, l'aéronautique; et je vous invite à me suivre au cœur de l’action, en immersion dans le sillage d'hommes et femmes engagés !

Mon métier de photographe est plutôt simple à définir : je raconte par l'image. Je consacre ma créativité, mon savoir-faire et mon expérience à (re)mettre l'humain au cœur du visuel et à l'immortaliser dans des photos qui font du sens, parfois dans des conditions extrêmes.

J’aime transmettre ces narrations au public, et c’est la raison pour laquelle je me risque à cette aventure de l’écriture et la tenue d’une newsletter ici. J’emploie évidemment aussi les autres canaux plus classiques que sont l’édition de beaux livres et les expositions photo (et, j’essaierai de vous en tenir informés dans cette lettre : se rencontrer en vrai et en 1.0 a du bon à l’heure du tout virtuel !)

Tout photographe qui essaye de représenter des êtres humains d’une manière authentique doit consacrer bien plus de cœur et d’âme dans sa préparation, qu’aucune photographie ne le laissera jamais transparaître.
– Margaret Bourke White

_ Solitaire mais pas isolée, je travaille toujours accompagnée de mon plus fidèle assistant : Tigrou

Lui même choisit assez souvent de faire appel à des assistantes, pour lui éviter des efforts trop intenses et lui permettre de se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : des selfies et des petites remarques amusantes ou amusées sur son univers de travail !

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